Dans ma maison de papier, j’ai des poèmes sur le feu De Philippe Dorin / Par la Compagnie Sémaphore

C’est la nuit, moment de l’abandon au mystère du sommeil à venir. Une petite fille assemble des morceaux de bois pour dessiner une maison, nomme chaque chose – cuisine, chambre, chaise, fenêtre – et puis la lumière s’éteint. Un battement de cils plus tard, elle se rallume sur la présence tranquille et fatiguée d’une vieille dame qui regarde ces constructions enfantines. Cette nuit-là, un promeneur vient lui annoncer que c’est pour elle l’heure de s’en aller. Mais avant de partir sur la pointe des pieds, elle tient à déposer ses chaussures de petite fille, et rencontre alors l’enfant qu’elle a été.

Dans une scénographie tout en cercle qui joue habilement du contraste jour-nuit et intérieur-extérieur, les deux personnages se racontent : parler à celle qu’on a été, parler à celle qu’on sera, le temps d’une pensé qui va de la tombée de la nuit au petit matin. La petite a peur du noir, se love tout contre les souvenirs de la vieille pour la garder auprès d’elle. Comme sur le cadran d’une montre, tout tourne et passe : le temps de mourir pour l’une, celui de grandir pour l’autre. Un spectacle en forme de boîte magique d’où surgissent le rêve, la fantaisie et l’amour.